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"Volontourisme" ou "tourisme humanitaire"

 

Bonjour à toutes et tous !

 

👉🏽 Cet article fait continuité à celui nommé  "Humanitaire ou pas..." qui évoque les différences entre le bénévolat, le volontariat et l’humanitaire. Nous vous invitons à lire le précédent afin de mieux comprendre celui présent 👓
Il nous paraissait donc important de partager sur un terme : celui du “volontourisme” ou “tourisme humanitaire”.
Le "volontourisme" symbolise l'action de partir à l'étranger pour contribuer à un projet solidaire tout en profitant du plaisir du tourisme dans le pays. Ce tourisme humanitaire aurait pour but de répondre aux besoins des populations locales.
Malheureusement de nos jours, un business s’est créé autour de voyages dits humanitaires. Des agences spécialisées dans ce genre de programme propose à toute personne qui le souhaite d'effectuer des missions de volontariat un peu partout dans le monde, en contrepartie de sommes financières importantes. Souvent ces actions sont établies sur une durée très brève : une semaine, dix jours... Période pendant laquelle les volontaires, souvent non-qualifiés et non-compétents, se retrouvent dans ces missions à la place de professionnels locaux, de manière non-durable. Cela produit des effets néfastes sur la population. Il peut s’agir pour exemple d’une construction d'école. Puis le projet n'est pas pérennisé faute de professeurs d'écoles dans le village, de moyens financiers pour enseigner etc... Ainsi cette action tombe à l'eau.

 

Pour se rendre compte de quelques différences, nous vous partageons notre démarche de recherche pour trouver les trois associations dans lesquelles nous nous sommes rendues en 2019. Nous avons souhaité éviter cette forme de volontourisme en s’adressant directement aux associations d'une part. Certaines nous ont proposé des sommes très importantes ce qui n'est pas cohérent avec la question du volontariat. D'autre part, Pour une Enfance Sénégal, Indian Gypsy ou encore Bamboo School, ne nous ont pas demandé de grosses sommes d’argent. Nous étions soit nourries et logées, soit nous avons payé notre partie chez l’habitant.
De plus, l’idée n’était vraiment pas de remplacer des professionnels locaux mais bien d’être en soutien à l’équipe sur place. De fait, nous avons été dans une démarche d’apprendre de leurs pratiques, et non pas dans une volonté de révolutionner les choses sur place. Comme nous le disions, il est impératif de prendre en compte les besoins de la population locale et le regard des professionnels de terrain pour qu’un projet solidaire soit viable et perenne. Parfois vouloir aider peut faire plus de mal qu’on ne le pense.

Retour d'expérience

La première fois que je me suis rendue au Sénégal ~ Solène ~ j’étais en stage de formation EJE dans une pouponnière. Souvent, certains touristes en vacances dans le pays venaient pour faire une journée, voire une demi- journée de bénévolat au sein de la pouponnière.
J’ai été choquée de voir des comportements inadaptés auprès de ces touts petits : prendre les bébés dans les bras alors qu’ils venaient de s’endormir dans leur lit, faire des photos inappropriées, ne pas échanger avec les tatas présentes pour s’occuper des enfants, etc.
Il m’est arrivé de voir certaines de ces personnes ressortir en pleurant des unités, alors que les enfants eux-mêmes pleuraient et tentaient de s’accrocher à elles. Une de ces personnes m’avait dit qu’elle voulait juste aider et donner de l’amour.
Alors oui, ce n’était pas de mauvaises intentions, mais les personnes ne se rendaient pas compte des difficultés et de l’instabilité que cela provoquait auprès de ces enfants déjà fragilisés. Cela peut accentuer les problématiques de carences affectives des enfants.

Dans nos métiers d'Éducateur de Jeunes Enfants, nous savons toutes et tous à quel point les temps d’observation, de mise en confiance, de continuité (et bien d’autres valeurs encore) sont des clés essentielles pour accompagner au mieux les enfants.
C’est pourquoi, avant de partir, il semble également essentiel de se questionner sur notre période de disponibilité pour avoir le temps de s’impliquer correctement. Un temps d’adaptabilité est plus que nécessaire : à la fois pour les professionnels, le public accompagné mais aussi pour le volontaire  vis-à-vis du fonctionnement de l'association, de la culture... 
Une semaine, ou même deux semaines de ces “stages humanitaires” est-ce vraiment  adapté ? Qu’en est-il réellement du projet proposé par l’agence : quels liens avec les ONG ou associations locales ?
Évidemment, pour trouver la réponse à ces questions, il paraît important de réfléchir aussi en fonction du public accueilli : des bébés dans leur lieu de vie auront peut-être besoin de plus de continuité que de grands enfants dans une école.
De plus, cet exemple nous questionne aussi concernant les compétences des personnes qui souhaitent partir en missions “humanitaires”. En effet, il peut être inquiétant de voir des volontaires sans connaissances particulières venir s’occuper d’enfants, que ça soit en France ou lors de missions à l’étranger.
Lorsque l'on prend du recul, on se rend compte que le volontourisme se fond dans un fonctionnement sociétal actuel, celui du business: défendre sur le papier une cause noble pour des  raisons financières en réalité. Les agences vendent cela comme l’expérience qui bouleversa les vies...Cela va également avec l’idée d’une société qui veut aller vite, sans prendre le temps de se rencontrer, de découvrir, de se questionner suffisamment.
Malheureusement de nombreuses personnes sont attirées par des publicités des agences ou par certaines associations. Initialement, leurs désirs est d'agir pour "faire du bien"  sans réaliser l'impact des programmes sur les populations.
Alors parlons-en, pour découvrir les faces cachées de ce « volontariat » et de son impact.
Ceci est évidemment notre avis, à partir de nos échanges, recherches et notre compréhension. L’idée n’est vraiment pas de juger mais de pouvoir sensibiliser et d'informer. 

Et vous, quel est votre opinion ?

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